L'écriture des objets

 

L'extraordinaire attrait du Pitt Rivers Museum à Oxford tient autant à la richesse de ses collections ethnologiques qu' à leur incomparable présentation. Créé en 1887 pour abriter les collections du général Pitt-Rivers, le musée a gardé son architecture métallique, ses cabinets de présentation vitrés dont tous les tiroirs peuvent être ouverts (certains ont été reconstruits à l'identique), et surtout le principe d'une classification non par aire géographique et par culture, comme c'est le cas dans l'énorme majorité des musées ethnographiques, mais par thèmes : traitement des morts, magie, tabac et stimulants, feu et lumière, habillement, etc.

Le visiteur, à qui sont réservées des heures et heures de pure joie de la découverte dans une ambiance mâtinée de Tardi, d'Indiana Jones et de Tintin  atteignant son comble devant la vitrine des têtes réduites des Shuar de l'Amazonie supérieure, puise à une autre source de réjouissance : à la beauté des artefacts du monde entier vient s'ajouter l'esthétique des premiers actes de conservation et de classification. Les objets sont en effet accompagnés de milliers d'étiquettes manuscrites rédigées par les conservateurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et même recouverts de fines lignes d'écriture descriptive qui agissent comme une transmutation de la qualité originelle. Une technique à laquelle on pourrait s'essayer pour transformer en quelques secondes les objets de son propre environnement en objets étrangers à soi-même, immédiatement muséifiables.

Le site internet du musée est extrêmement complet, je vous recommande en particulier le sous-site consacré aux amulettes :  Small Blessings.