Petite annonce

"Metteur en scène cherche petite jeune fille âgée de quatorze ans au moins et de quinze ans et demi au plus. Elle ne doit être ni mutine, ni piquante, ni pimpante, ni aguichante, ni froufroutante, ni sexy, mais plutôt simple, bien élevée, jolie, et tout à la fois, un peu grave et assez rieuse"

 

Petite annonce rédigée par François Truffaut pour le rôle de Colette dans Antoine et Colette, 1962

La production du récit

"Une interprétation plus optimiste serait de penser que ce prix récompense aussi une forme d'histoire moins assurée ou moins arrogante, celle que Patrick Boucheron appelle l'"histoire inquiète". C'est une histoire qui non seulement renonce à la vérité à majuscule, mais aussi rend visibles les opérations par lesquelles elle se constitue. Elle refuse d'enlever les échafaudages devant les façades. Bien sûr, dans L'Histoire à parts égales, je présente Java en 1596, mais montrer au lecteur la façon dont je produis ce récit sur le passé m'intéresse au fond autant. Cette manière de faire produit des vérités plus modestes, plus circonscrites, mais aussi plus robustes.

La question de l'écriture est donc centrale. Non pas au sens du beau style, mais en termes d'écriture filmique, dans le choix de la focale de cadrage, de la scénographie, dans la façon dont on déploie une intrigue. 
[...] 
Faut-il déplorer un rétrécissement du public ?

Les trentenaires cultivés lisent beaucoup, et souvent des œuvres aux formats de narration très inventifs, de la BD alternative au roman expérimental. Si nous, historiens, continuons d'écrire comme dans les années 1910, nous les perdons en trente pages. Il faudrait être capable de scénariser un livre comme les séries anglo-saxonnes "Rome" ou "Les Tudor", qui échappent au récit linéaire. La construction de mon ouvrage, qui commence comme si tout coulait de source et se brise soudainement, est une tentative, inaboutie sûrement, en ce sens. "

Entretien de Romain Bertrand avec Julie Clarini, à propos de son Grand prix des Rendez-vous de l'histoire de Blois.  
Monde des Livres, 19 octobre 2012 

 

Astaire/Kelly

"Quelles étaient les différences entre Astaire et Kelly ?

Il n'y avait que des différences. Leurs vies, leurs éducations, leurs statuts d'artistes étaient différents. Donc mon travail était très différent selon que je dirigeais l'un ou l'autre. D'ailleurs, on peut le percevoir à l'écran. Fred Astaire essaye de faire croire que n'importe qui peut réussir ce qu'il faisait. Sa danse paraît aussi naturelle que sa respiration. Gene Kelly est animé du sentiment inverse. Il montre qu'il réussit quelque chose que personne d'autre ne peut faire. C'est un danseur agressif et athlétique alors que Fred Astaire est délicat et romantique.

Stanley Donen 

entretien avec Jean-Sébastien Chauvin et Joachim Lepastier, Paris le 22 juin 2012,
 in Cahiers du Cinéma, septembre 2012. 

(il est aussi question de son projet de comédie musicale sur le mythe  de Frankenstein avec Michael Jackson qu'il admirait beaucoup)