Raumdeuter

Qui est Thomas Müller ? Dur à dire. Ni véritable avant-centre,  ni véritable meneur de jeu, ni véritable ailier, cet échalas perché à 1,86 m ne semble être nulle part vraiment à sa place, ce qui doit vouloir dire qu'il l'est en fait partout. Certains footballeurs se distinguent par leur vitesse, par leur technique, ou par leur puissance au-dessus du lot. Thomas Müller, on ne sait pas trop. « Je suis une pièce unique, d'une certaine manière. On peut  comparer certains dribbleurs, certains attaquants les uns aux autres, mais moi, qu'est-ce que je suis ?, s'est-il un jour interrogé dans la Süddeutsche Zeitung. Quelqu'un qui “interprète l'espace”. Oui, je suis un “interprète d'espace” . C'est bien comme titre, non ? »

 

Henri Seckel. "Wer ist Thomas Müller". Le Monde, 4 juillet 2014.

 

SZ: Es fällt jedenfalls schwer, Ihre Art mit einem anderen Spieler zu vergleichen. Kennen Sie vielleicht einen?

Müller: Nein, irgendwie bin ich schon ein Unikat. Es gibt Dribbler, die sich ziemlich ähnlich sind, auch Stürmer, aber was bin eigentlich ich?

SZ: Ja, was ist Müller?

Müller: Hm. Tja, was bin ich? Raumdeuter? Ja, ich bin ein Raumdeuter. Das wäre doch eine gute Überschrift, oder?

 

Suddeustche Zeitung. 9  juin 2011. "Thomas Müller im Gespräch"

Caprice de la reine

A gauche d'elles est une ferme, dont on a le droit de penser que c'est de là que dépendent ces bêtes et dont on ne distingue les bâtiments que partiellement : d'abord un large pan de mur, solidement coiffé d'un toit d'ardoises et qu'on suppose appartenir aux locaux d'habitation à proprement parler ; ensuite, jouxtant ceux-i, la partie visible d'une autre construction, couverte par ce qu'on doit peut-être appeler de l'Everite et qui est probablement l'annexe, ou l'une des annexes de cette exploitation. Ces édifices, dont on ne peut percevoir que des fragments, sont en effet à peine visibles dans la végétation sur laquelle nous allons revenir. Nous devrons y revenir quoique nous aurions peut-être pu, peut-être dû commencer par elle, nous ne savons pas.

Nous ne le savons pas, pour autant qu'il est difficile dans une description, ou dans un récit comme le fait observer Joseph Conrad dans sa nouvelle intitulée "Un sourire de la fortune", de mettre chaque chose à sa place exacte. C'est qu'on ne peut pas tout dire ni décrire en même temps, n'est-ce pas, il faut bien établir un ordre, instituer des priorités, ce qui ne vas pas sans risque de brouiller le propos : il faudra donc revenir sur la végétation, sur la nature, cadre non moins important que les objets culturels - équipements, bâtiments - que nous essayons d'abord de recenser.

 

Jean Echenoz. "Caprice de la reine" dans Caprice de la reine. Éditions de minuit, 2014.