Revista Senhor

Couverture du numéro de Senhor de janvier 1961 par Glauco Rodrigues.

Couverture du numéro de Senhor de janvier 1961 par Glauco Rodrigues.

Double page légendée.

Double page légendée.

Couverture de la revue Senhor  de juillet 1962 par Bea Feitler et de juin 1960 par Glauco Rodrigos.

Papillon d'abonnement à la revue.

Papillon d'abonnement à la revue.

 

1959 : le Brésil est champion du monde de football depuis un an, la bossa nova bat son plein, un nouveau langage cinématographique émerge à travers le cinema novo, le néo-concrétisme pictural est en train de naître, Oscar Niemeyer et d'autres architectes modernistes transforment les villes de ce pays en pleine croissance, animé d'un optimisme effervescent.

Au cours d'une fête,  l'actrice Beyla Genauer présente son mari, le jeune journaliste Nahum Sirotsky, au  propriétaire de la maison d'édition  Delta-Larousse. Elle plaisante en disant qu'ils devraient créer ensemble un nouveau magazine. L'éditeur réplique alors que son neveu Simon Waissmann est précisément en train de faire des recherches en ce sens. Les deux hommes se donnent rendez-vous le lendemain dans le centre de Rio et tout va très vite.  Ils rivalisent d'imagination pour élaborer la maquette, aidés des peintres Carlos Scliar et Glauco Rodrigues.  Ils savent ce qu'ils veulent : s'inspirer des revues européennes et américaines, notamment du  Flair de Fleur Cowles, tout en  créant un tout absolument original, mêlant raffinement graphique, fictions et essais, études de fond et articles sur la mode et les loisirs sans oublier une page "garota" consacrée chaque mois à une nouvelle jeune fille. Une revue culturelle pour les hommes mais qui intéresse tout aussi bien les femmes.

Ce sera Senhor, dont le premier numéro est publié en mars 1959 : relativement chère,  tirée à 50 000 exemplaires, bien distribuée, la revue révolutionne le paysage éditorial brésilien et surprend les lecteurs par la qualité de son contenu et son inventivité avec des couvertures toutes plus belles les unes que les autres.  Les plus renommés des écrivains contemporains y contribuent, tels Clarice Lispector ou Jorge Amado, des journalistes talentueux collaborent aux rubriques "sciences", "politique intérieure", "relations internationales", "économie", "sports", "éducation" et de jeunes graphistes très innovants (comme Bea Feitler  qui deviendra directrice artistique du Harper's Bazaar américain) donnent le meilleur d'eux-mêmes.  Même les publicités sont spécialement conçues par l'équipe de la revue pour en préserver l'harmonie visuelle. Légèreté et érudition, sophistication graphique et variété des sujets seront ses lignes directrices.

Après cinq années d'existence, minée par des soubresauts au sein de la rédaction, elle cesse de paraître en janvier 1964. En mars de la même année,  les militaires s'emparent du pouvoir par un coup d’État et installent une dictature qui privera le Brésil de liberté d'expression pendant vingt ans.

La revue Senhor occupe une place d'honneur dans l'histoire du graphisme brésilien et c'est à ce titre qu'elle est justement célébrée dans la magnifique anthologie de Chico Homem de Melo et Elaine Ramos,   Linha do tempo do design gráfico no Brasil parue aux excellentes éditions Cosaic Naify.

Couverture de Senhor, septembre 1960, par Michel Burton.

Couverture de Senhor, septembre 1960, par Michel Burton.

Pages des numéros de janvier et juillet 1960

Couverture de Carlos Scliar pour le numéro de septembre 1959 de Senhor.

Un grand merci à MHF

De Rio

 
Le rose et le rouge, une association de couleurs que l'on retrouve souvent dans les petits bars de quartier.

Le rose et le rouge, une association de couleurs que l'on retrouve souvent dans les petits bars de quartier.

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Batucada dans Vila Isabel et figurines sculptées par Antonio de Oliveira, collections du Museu Casa do Pontal.

Batucada dans Vila Isabel et figurines sculptées par Antonio de Oliveira, collections du Museu Casa do Pontal.

Recreio das Bandeirantes, dans la zone ouest, partie encore peu construite de Rio, bientôt gagnée par l'extension de la ville.

Recreio das Bandeirantes, dans la zone ouest, partie encore peu construite de Rio, bientôt gagnée par l'extension de la ville.

Plage d'Urca, seul quartier de Rio qu'aucune favela ne jouxte

Plage d'Urca, seul quartier de Rio qu'aucune favela ne jouxte

Dans le quartier de Leblon , travaux d'extension du métro  vers Barra da Tijuca en vue des Jeux olympiques. Tout Rio est en chantier et les retards s'accumulent. Les transports en commun restent un problème majeur, du fait de leur cherté et de …

Dans le quartier de Leblon , travaux d'extension du métro  vers Barra da Tijuca en vue des Jeux olympiques. Tout Rio est en chantier et les retards s'accumulent. Les transports en commun restent un problème majeur, du fait de leur cherté et de leur mauvaise organisation.

Enfants pêchant dans un petit étang en bas de la favela du Morro das Macacos où stationne depuis 2010 l'une des 39 unités de police de pacification de Rio . Azulejos de Candido Portinari pour le ministère de la santé et de l'éducation , chef d’œuvre…

Enfants pêchant dans un petit étang en bas de la favela du Morro das Macacos où stationne depuis 2010 l'une des 39 unités de police de pacification de Rio . Azulejos de Candido Portinari pour le ministère de la santé et de l'éducation , chef d’œuvre moderniste que l'on l'aperçoit dans cette scène de L'Homme de Rio.

Panthéon de garagiste  : d'Ayrton Senna à Jésus en passant par Carla Perez.

Panthéon de garagiste  : d'Ayrton Senna à Jésus en passant par Carla Perez.

Dans la forêt de Tijuca, offrandes aux dieux du candomblé,  une religion menacée par l'emprise croissante des évangéliques qui n'hésitent pas à détruire ces marques de dévotion.

Dans la forêt de Tijuca, offrandes aux dieux du candomblé,  une religion menacée par l'emprise croissante des évangéliques qui n'hésitent pas à détruire ces marques de dévotion.

Du haut du Pain de sucre : la sensation de se dissoudre dans l'azur

Du haut du Pain de sucre : la sensation de se dissoudre dans l'azur

 
 

Le règne de la fiction

L'un des nombreux magazines brésiliens consacrées aux novelas où tous les événements qui affectent la vie des héros de ces séries ultra-populaires sont présentés comme s'il s'agissait de personnes réelles :  mariage, adultère, naissance, accidents, secrets de famille. Dans les bus, sur les écrans,  sont diffusés après les informations des résumés des derniers épisodes. Je connais même une petite fille de huit ans, à qui l'on interdit de les regarder, qui reconstruit les fils enchevêtrés et les rebondissements sans fin de ces fictions grâce à ces seuls comptes rendus qu'elle lit en cachette. Lui manquent sans doute les gestes emphatiques des acteurs et les expressions grandiloquentes de leurs visages (roulement d'yeux, tristesse forcée, sourires outrés, étonnement disproportionné). Un exemple avec la série du moment : Cheias de charme.

Vitaminas et caipifrutas

 

Il y a au Brésil une manière de faire claquer les couleurs primaires entre elles qui donne toujours l'effet de boire un cocktail euphorisant de jus de fruits.

A boire à grands traits avant d'affronter la rentrée.

 

 

 

 

A Rio  :  Laranjeiras, Botafogo, Gavea, Centro, Ipanema, Santa Teresa,  Sao Corrado et Vila Isabel.