Anno Regni Regine Elizabeth tricesimo-primo, 1588-9
Newe
Yeare's Guiftes gyven to the Queene's Majesty at Her Highnes Mannour of
Richmond, by these Parsons whose names do hereafter ensewe, the first
daye, the yeare aforesaide.
By
the Lady Marquesse of Northampton, a peire of braceletts of gold
conteyning 16 peeces, four enamuled white set with one pearle in a
peece, and four sparks of rubyes a peece, the other foure sett with one
dasy and a small ruby in the middest thereof, and four small pearles and
eight longe peeces betwene them, ech sett with small diamonds and two
sparks of rubyes.
By
the Countesse of Shrewsbury, a safegard with a jhup or gaskyn coat of
faire cullored satten, like flames of fire of gold, and garnesshed with
buttons, loupes, and lace of Venis silver.
By
the Countesse of Warwick, a chayne, containing 22 aggetts slytely
garnesshed with gold, and 22 bawles of jheat slytely garnesshed over
with seede pearles.
By
the Countesse of Lyncoln, widdowe, a longe cloake of murry velvet, with
a border rounde aboute of a small chenye lace of Venis silver, and two
rowes of buttons and lowpes of like silver furred thorough with
mynnyover and calloper like myll pykes.
By the Countesse of Bedforde, two large candlesticks of cristall garnesshed with silver gilte paynted, per oz. altogether
By
the Countesse of Ormount, parte of a petticote of carnacon satten
ymbrodered with a broade garde or border of anticks of flowers and
fishes of Venis gold, silver, and all over with a twist of Venis gold.
By
the Countesse of Bath, a fanne of swanne downe, with a maze of greene
velvet, ymbrodered with seed pearles and a very small chayne of silver
gilte, and in the middest a border on both sides of seed pearles, sparks
of rubyes and emerods, and thereon a monster of gold, the head and
breast mother-of-pearles; and a skarfe of white stitche cloth florished
with Venis gold, silver, and carnacion silke.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Une paire de bracelets incrustés de
rubis, de perles, de diamants et d'émaux, un jupon de satin flammé bordé
de dentelle de Venise argentée, une chaîne de perles et d'or, un long
manteau de velours couleur mûre festonné de fourrure, deux chandeliers
de cristal recouvert d'argent, un pourpoint de satin couleur oeillet
brodé de fleurs, un éventail de plumes de cygnes à monture incrustées de
rubis et d'émeraudes avec une tête de monstre à la tête et à la
poitrine de nacre, mais aussi des bourses emplies d'or, des tabourets
tapissés, des pendentifs, des housses de coussins brodées, des tapis de
selle, des fraises, des bas, des mouchoirs, des boîtes à sel, des pièces
d'estomac, des coiffes, des gants parfumés, des manchons tissés
d'argent brodés de fleurs et de bêtes, doublés de velours rose, des
tablettes à écrire, etc.
Voici quelques uns des objets offerts par ses courtisans à la reine Elizabeth Iere à l'occasion des étrennes du 1er janvier 1589.
Les étrennes royales,
pratique connue dans d'autres cours européennes, étaient fondées sur
une système d'échanges extrêmement codifié au cours d'un cérémonial
mettant en scène un ballet de messagers : d'un côté, les objets offerts
par les membres la noblesse ou du clergé à la reine ; de l'autre, les
objets offerts par la reine en retour, le tout scrupuleusement mis en liste, recto verso,
sur un rouleau de parchemin, avec pour chaque présent l'indication de
sa valeur vénale jusqu'à la somme totale en monnaie. La Folger
Shakespeare Library possède un des vingt-quatre rouleaux qui sont parvenus jusqu'à nous (on en trouve la transcription ici).
Si la réciprocité était immédiate,
l'échange était bien évidemment totalement disymétrique puisque le
souverain pouvait refuser le présent pour signifier la disgrâce du
sujet. On imagine fort bien les longues réflexions qui devaient présider
au choix de tel ou tel objet pour s'attirer les faveurs royales et les
sueurs froides qui s'ensuivaient. Le Duc de Norfolk, emprisonné, vit sa
magnifique pièce de joaillerie rejetée et fut exécuté quelques mois plus
tard tandis que Philip Sydney put revenir en cour grâce à l'ingénieux
petit fouet bijou qu'il fit fabriquer pour mieux marquer sa soumission. A
travers ce système redoutable, chacun pouvait connaître l'exacte place
qu'il occupait.
Nous restent la poésie des noms de matière - "taphata", "satten","sarceonnett", "vellat"- , des couleurs et l'impression de plonger dans un coffre à trésors.