Le travail du bleu

En 1937, six ans après avoir fait construire par l'architecte Sinoir une villa cubiste blanche dans une palmeraie à la périphérie de Marrakech,  le peintre Jacques Majorelle décide de la peindre un bleu, un bleu de sa composition, dont il recouvre d'abord les murs de son atelier puis tous les murs des bâtiments de sa propriété.

Un bleu outremer clair et intense qui porte désormais son nom : le bleu Majorelle.

Cette invention, inspirée dit-on de couleurs aperçues lors de ses voyages dans l'Atlas, peut se voir non comme une innovation radicale mais comme un hommage audacieux aux couleurs locales dont elle constitue une sorte de double inversé.  Ce bleu se situe chromatiquement à l'opposé de l'ocre omniprésent dans la ville et dans les constructions en terre . Il est aussi artificiel que l'ocre est naturel et suppose un entretien inversement proportionnel à celui de l'ocre qu'on laisse se délaver à la lumière du soleil  et sous la pluie. Pour garder au bleu Majorelle l' intensité qui fait son essence, il importe de repeindre fréquemment. Et je me demande selon quelle infime détérioration de sa nuance, il est décidé de sortir pots et  pinceaux.

 

Vitaminas et caipifrutas

 

Il y a au Brésil une manière de faire claquer les couleurs primaires entre elles qui donne toujours l'effet de boire un cocktail euphorisant de jus de fruits.

A boire à grands traits avant d'affronter la rentrée.

 

 

 

 

A Rio  :  Laranjeiras, Botafogo, Gavea, Centro, Ipanema, Santa Teresa,  Sao Corrado et Vila Isabel.

 

Tir à l'arc

Gerhard Richter. Lunettes, aquarelle sur papier, 1997

Im Dong-Hyun vient de battre vendredi le record du monde aux qualifications pour l'épreuve olympique de tir à l'arc et part favori pour la médaille d'or. Une cible placée à soixante-dix mètres, un oeil gauche avec 1/10e d'acuité visuelle, un oeil droit à 1/20e : l'archer sud-coréen décrit la vision qu'il a des cercles concentriques blanc, noir, bleu, rouge et jaune comme un tableau dont les couleurs se seraient fondues entre elles après avoir été trempé dans l'eau.

Toutefois, cette très forte déficience visuelle ne semblerait pas constituer un handicap, bien au contraire. Comme l'explique Juan Carlos Holgado, médaille d'or aux JO de Barcelone de 1992, le secret d'un bon tir ne réside pas dans la contemplation précise de la cible mais dans une concentration de l'ensemble du corps qui doit faire oublier tout l'environnement et abolir toute autre autre pensée que celle du moment présent. Il faut parvenir à créer un état d'esprit qui permette d'effacer les attentes, les expériences des tirs passés,  les choses qui font penser. Et en ce cas, on peut bien imaginer que le flou est une arme de l'esprit.