Silenzio

François Fontaine. Série Silenzio. 2011-2012

 

Une découverte fortuite faite au  Salon du Panthéon, très heureuse découverte, celle de la série Silenzio de François Fontaine. D'abord, le regard  est happé par les photos  floues aux couleurs intenses.  Puis, l'on saisit de manière instinctive que ces silhouettes confuses ne sont pas des sujets incarnés mais des images d'images. En s'approchant, on comprend  les raisons de cette sensation de reconnaissance : il s'agit de cadrages de films très connus, de visages vus et revus. Mais ce que François Fontaine semble capturer, ce n'est tant pas le souvenir, conscient ou inconscient,  que chacun en aurait que l'impression qu'ils auraient laissé sur notre œil, comme une aura ineffaçable, un souffle lumineux aux contours troubles profondément ancré dans nos sens.  Quel plus bel hommage au cinéma que de jouer de cela même qui le rend possible : la persistance rétinienne.

 

 

 

 

Exposition Silenzio ! Mémoires du cinéma, de François Fontaine au Salon du Panthéon, 13 Victor Cousin, 75005 Paris, jusqu'au 6 décembre.

 

François Fontaine. Série Silenzio. 2011-2012

François Fontaine. Série Silenzio. 2011-2012

Tir à l'arc

Gerhard Richter. Lunettes, aquarelle sur papier, 1997

Im Dong-Hyun vient de battre vendredi le record du monde aux qualifications pour l'épreuve olympique de tir à l'arc et part favori pour la médaille d'or. Une cible placée à soixante-dix mètres, un oeil gauche avec 1/10e d'acuité visuelle, un oeil droit à 1/20e : l'archer sud-coréen décrit la vision qu'il a des cercles concentriques blanc, noir, bleu, rouge et jaune comme un tableau dont les couleurs se seraient fondues entre elles après avoir été trempé dans l'eau.

Toutefois, cette très forte déficience visuelle ne semblerait pas constituer un handicap, bien au contraire. Comme l'explique Juan Carlos Holgado, médaille d'or aux JO de Barcelone de 1992, le secret d'un bon tir ne réside pas dans la contemplation précise de la cible mais dans une concentration de l'ensemble du corps qui doit faire oublier tout l'environnement et abolir toute autre autre pensée que celle du moment présent. Il faut parvenir à créer un état d'esprit qui permette d'effacer les attentes, les expériences des tirs passés,  les choses qui font penser. Et en ce cas, on peut bien imaginer que le flou est une arme de l'esprit.