Il est 13 heures contrairement à ce qu'indique l'horloge de cette boutique de barbier à Todi, en Ombrie. Les portes sont closes, comme celles de la plupart des commerces de la petite ville, mais elles laissent entrevoir un décor intriguant : des vieux livres amoncelés et au mur des photos de groupes qui semblent résumer tout un pan de l'histoire de l'Italie à travers l'histoire d'une vie, celle du coiffeur. Photos d'écoliers, de premiers communiants, de balilla peut-être, de footballeurs, photos de mariage, de baptêmes, d'anniversaires, de fêtes entre amis et une photo de femme isolée. Histoires de vies, devrait-on dire, car l'espace désert résonne avec intensité de toutes les conversations intimes échangées au fil du rasoir avec les habitués depuis des années. Comme il serait beau à ce moment précis de passer la bande enregistrée diffusée dans la grande nef de la basilique d'Assise : une voix masculine sévère et rapide répétant à intervalles réguliers "Silenzio" "Silenzio" "Silenzio" "Silenzio".