Shaken, not stirred

Un montage des scènes où 007 commande son cocktail favori

 

James Bond a la solidité d'un personnage de contes de fée, et donc sa plasticité.

Il a déjà résisté au passage du papier à l'écran, à six incarnations différentes, à l'invraisemblance d'avoir toujours le même âge depuis cinquante ans.


Avec Skyfall [ *attention aux spoilers*], il doit survivre à de multiples tortures infligées à ce qui fait son essence. John Logan, le scénariste de Sam Mendes, a transformé tout le film en une sorte de laboratoire à éprouver les limites de la fiction : jusqu'où aller pour qu'un héros reste ce qu'il est ? Une sorte de délicieux mikado où sont enlevés un à un les éléments constitutifs de son moi de fantaisie.

Voici donc James


- privé de l'une de ses deux répliques cultes : "Shaken, not stirred"

- condamné à boire de la bière (le placement de produits va de pair avec le principe du scénario)

- obligé de s'en tenir à deux gadgets minables d'un autre âge

- dépouillé de son Aston Martin

- réduit à une petite forme physique et mentale

- dépourvu ou presque de conquêtes féminines ("débondade", dirait Bayon)

- soumis à un changement quasi-complet de son entourage ( longue vie à Mallory et à ses pantalons années 30 !)

Et pourtant, il tient le choc et rien ne s'écroule. Il est vrai que deux autres éléments forts demeurent qui lui permettent de se maintenir dans sa structure, comme s'ils sculptaient de l'extérieur la forme presque vide que 007 est devenu : un bon méchant et la reine. 

This is not the end, Adele.