Here and now

Richard McGuire, couverture de Here, Random House,

Richard McGuire, Here, in Raw, 1989

Richard McGuire, Here, Random House,

Richard McGuire, Here, Random House,

 

En 1989, Richard McGuire publiait une bande dessinée de six pages et trente-six cases dans le magazine Raw . Intitulée Here, elle allait faire date dans l'histoire de la bande dessinée. Sa force novatrice tenait à son mode de narration totalement inédit alliant unité d'espace - toujours le même coin de salon - et éclatement de la continuité chronologique. Dans une même case, par incrustation d'autres cases, l'auteur superposait des cours d'action distants de dizaines d'années, voire de centaines de milliers d'années, dans le passé et dans le futur, tout en racontant une histoire faite de micro-événements, de petits riens. 

Vingt-cinq ans plus tard, ilreprend le même procédé et transforme Here en livre.  Ici un salon, dont le coin coïncide avec la pliure centrale de doubles pages multicolores, le salon de sa maison d'enfance du New Jersey. Ici le temps de la préhistoire,  des premières rencontres d'une tribu indienne avec les colons européens, aux catastrophes naturelles du XXIIe siècle, en passant par les fêtes d'anniversaire du XXe siècle.

Richard McGuire a voulu faire de cette magnifique polyphonie une ode au moment présent, la seule temporalité à exister vraiment, selon lui.

 

 

Richard McGuire, Here, Random House,

Richard McGuire, Here, Random House, (9 décembre 2014)

Merci à KC

L'appartement de Corrado N.

Stand de la galerie Helly Nahmad, Frieze Masters, Londres, octobre 2014

Photo issue du compte instagram du photographe Miguel Flores-Vianna

Stand de la galerie Helly Nahmad, Frieze Masters, Londres, octobre 2014

Photo issue du compte instagram du photographe Miguel Flores-Vianna

 

Le galeriste Helly Nahmad a choisi de présenter sa marchandise sur son stand de la foire d'art Frieze Masters à Londres en mettant en scène l'appartement d'un collectionneur imaginaire, à Paris, en 1968 : Corrado N.

Des Schwitters,  Twombly, Picasso, Miro, Fontana,  Dubuffet sur les murs, des affiches de la révolte étudiante mêlées à celles d'expositions, des corbeilles de paquets de cigarettes,  des cendriers pleins,  de la vaisselle sale dans l'évier, des cartes postales et des photos scotchées, des piles savamment désordonnées de journaux, de revues et de catalogues de ventes aux enchères.  Malin.

Malin, mais sans doute trop beau pour être vrai. Comme le souligne judicieusement le critique Josh Spero, l'absence totale de mauvais goût condamne l'installation à  l'invraisemblance :  pas un seul objet tant soit peu hideux, comme tout un chacun en possède, et pas une fausse note dans le choix des tableaux ou des artistes collectionnés.  Et pour cause, c'est le goût des collectionneurs actuels qui est donné à voir et non celui d'un collectionneur des années soixante. 

Plein soleil

 

Vers la fin de Plein soleil de René Clément, cette scène de quelques secondes, admirablement composée, travaillée comme un tableau abstrait, qui doit beaucoup sans doute au directeur de la photographie Henri Decaë.   Alain Delon (Tom Ripley) ouvre les fenêtres de la maison de Mongibello : passage de l'ombre à la lumière, qui lui sera fatal.