Boîtes mystère

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Sur le port de Rotterdam, des milliers et milliers de containers attendent d'être distribués par voies fluviale, routière et ferroviaire vers l'hinterland européen. Déchargés par des grues automatisées, acheminés par des camions guidés par ordinateur, ils forment des architectures aléatoires dont on reconnaît ça et là quelques couleurs spécifiques à certains armateurs.

Mais leur opacité conserve entier le mystère de leur contenu, qui représente 90 % des produits que nous achetons. A l'exception des matières inflammables et toxiques et des produits réfrigérés, les équipages et le capitaine mêmes du cargo- une vingtaine d'hommes pour des chargements allant jusqu'à 7000 boîtes-  qui les aura conduits à bon port au terme de plusieurs semaines de navigation ne savent rien des marchandises qu'ils renferment. Le container est un parallélépipède de fer dont ils n'ont à connaître que le poids pour calculer le centre de gravité et le centre de carène afin d'équilibrer le chargement.

Une invisibilité qui laisse de quoi spéculer sur bien des trafics.

 

 

Kiosque

 

 

Au kiosque à journaux, savoureux télescopage :  la géniale couverture de  Monsieur par Floc'h  se moque  à merveille  du hideux magazine Simple things   "source d’inspiration pour tous ceux qui veulent donner du sens à leur vie en se recentrant sur un art de vivre simple, authentique et hédoniste".

 

 

 

Ciel changeant

Chaise à la reine de Sulpice Brizard, hêtre sculpté et peint, vers 1765. Musée du Louvre

Chaise à la reine de Sulpice Brizard, hêtre sculpté et peint, vers 1765. Musée du Louvre

 

Dans les nouvelles salles d'objet d'art du Louvre consacrées au XVIIe et XVIIIe siècles, alternant period rooms et alcôves de présentation pour petits objets, une chaise cannée à la reine de Sulpice Brizard : ravissement de son dossier peint.


L'est-il aussi à son verso ? Imaginons les effets changeants du ciel - bleuté, rosé, orangé, grisé - selon la couleur de la robe de celle qui s'y asseyait ou les superpositions de motifs à travers les trous du cannage.


 


 

Composition familiale

Drugs and Medicines of North America, 1884-1887,  by John Uri Lloyd and Curtis G. Lloyd.

 

Module de composition familiale d'Anaïs Massini, prochainement publié (cela dépend de vous) à L’Épicerie  de l'orage.

 

L'arbre généaologique est-il encore une figure pertinente pour représenter la famille ? C'est sous forme de défi que l'illustratrice Anaïs Massini a envisagé cette question : défi graphique mais aussi défi intellectuel.

Au cours du dernier tiers du XXe siècle, la famille a connu d'intenses bouleversements : diffusion de la contraception, essor de l'union libre, multiplication des naissances hors mariage, égalité entre les sexes érigée en valeur, personnalisation du lien à l'enfant, accroissement des séparations et divorces, augmentation du nombre de familles monoparentales et recomposées, nouveaux modes de conception, légalisation du mariage homosexuel, développement de l'homoparentalité. De nouvelles géographies familiales se sont dessinées qui commencent à peine à être prises en compte dans le droit, entre atermoiements de l'exécutif face à la réforme préconisée dans le rapport Théry et opposition tenace des tenants d'un modèle ultratraditionnel de la famille.

 

Mais que dire des modes de figuration de la famille ? Là, l'écart avec les réalités vécues semble encore plus grand.  L'arbre généalogique est la seule image disponible. Or il rend presque impossible, au risque d'une illisibilité profonde,  la représentation des familles recomposées. Il n'est pas en mesure de rendre compte de la diversité des manières de "faire famille".  Il faut d'abord se dire ici qu'il est lui-même le produit d'une maturation historique : comme le souligne Jean-Claude Schmitt dans son compte rendu du maître-livre de Christiane Klapisch-Zuber sur la question, L'Ombre des ancêtres, essai sur l'imaginaire médiéval de la parenté,  "l'image végétale, son association à la généalogie, sa direction ascendante semblent aller de soi. [...] Il n'en est rien ou il n'en a pas toujours été ainsi. Les arbres généalogiques ne s'imposent vraiment qu'à la fin du Moyen-Age et ne se diffusent largement qu'à partir de 1550. Ils émergent alors d'un foisonnement d'autres formes graphiques couramment utilisées depuis le XIIe siècle et se référant à bien d'autres contenus sémantiques que le seul arbre - ainsi, la maison, l'échelle, les ailes de chérubin, la rota."

 

Anaïs Massini a réfléchi pendant plusieurs années à ce projet, de front avec son travail d'illustratrice. Elle s'est beaucoup documentée, a envisagé diverses formes comme celle du corail de Darwin. C'est finalement le modèle du rhizome cher à Deleuze qui l'a guidée pour élaborer sa composition familiale. "A la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents et même des états de non-signes."

A l'origine unique et au développement vertical et hiérarchique de l'arbre, il s'agit de substituer une multiplicité proliférante. Là où l'arbre généalogique imposait une signification univoque où chaque branche dit qu'il y a filiation, la composition familiale rassemble des connections de nature hétérogène. Elle a l'allure très classique d'un diagramme dans lequel des points représentant des individus sont reliés par des lignes, mais pas n'importe lesquelles : des lignes brisées, des chevrons, de couleurs chaque fois différentes. Le chevron peut signifier un lien de parenté, tout aussi bien que d'amitié, il représente divers types d'alliage : on peut y intégrer aussi bien ses parrain et marraine, que son beau-père et ses enfants, que sa nounou, nous dit Anaïs dans sa présentation ; à l'inverse, on peut omettre des gens de sa famille.

L'arbre généalogique se livre comme une présentation objective et exhaustive : il décrit les liens de parenté en prenant en compte tous les ascendants et les descendants.  C'est un modèle pré-établi : il suffit de remplir une structure disponible. Plusieurs personnes appartenant à une même famille partagent ainsi le même arbre généalogique dont l'image ne varie pas. La composition familiale, elle, se présente comme un module spécifique à celui qui l'élabore au moyen d'autocollants, si bien que deux membres d'une même fratrie peuvent très bien ne pas aboutir à la même structure.

Et si cette composition familiale est si personnelle, c'est qu'elle laisse à chacun la liberté de raconter sa famille : ce réseau de points et de chevrons est avant tout une trame narrative entrelaçant des vies dans une structure relationnelle mouvante appelée à changer de forme. Certains pourront, s'ils le veulent, représenter leur famille au sens large comme un garde-manger - ce qu'est à proprement parler un rhizome - de chaleur humaine et d'affection, loin des pesanteurs des héritages et des transmissions ; d'autres rendre présents sur un même plan les morts aux côtés des vivants ; d'autres encore faire accéder à la visibilité des êtres gommés et non nommés comme les parents biologiques, en cas d'adoption, ou les tiers donneurs, en cas d'assistance médicale à la procréation. C'est en cela que la composition familiale est moderne, elle fait figure de réservoir de possibilités pour représenter toutes sortes de formes familiales, même celles qui ne sont pas encore advenues.

En matière de famille, si la révolution juridique n'est pas près de s'accomplir, la révolution graphique, elle, est en marche grâce à Anaïs Massini. Et l'on peut même penser qu'elle est un préalable indispensable pour vaincre certaines résistances, très dépendantes de la figure de l'arbre généalogique.

Sardinhas

 

 

Lisbonne au début du mois de juin est non seulement illuminée par les jacarandas et les bougainvillées en fleurs mais parée de guirlandes, banderoles, lampions et lanternes. Chaque quartier est en fête avant et après le 13 juin, jour de la saint Antoine, patron de la ville. On lui dresse des  autels aux fenêtres et à l'intérieur des maisons (trono de santo antonio ) et les amoureux s'offrent un pot de basilic (manjerico) piqué d'un œillet de papier accompagné d'un quatrain.

L'odeur des sardines grillées se mêle au parfum miellé des tilleuls,  un fado chanté par Beatriz da Conceição se fait entendre au loin avant que le bal ne commence, à la nuit tombée.

 

 

Impressions de voyage

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

Impressions naturelles des plantes du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Ms 988. Bibliothèque de l'Institut.

 

D'une masse végétale confuse dans une contrée lointaine et difficilement accessible faire œuvre scientifique : individualiser, observer, décrire, nommer, classer, mais avant toute chose pouvoir conserver des traces, des images, des échantillons, et les rapporter à bon port, en double ou triple exemplaire pour parer les aléas du cheminement terrestre et les avaries de mer. Pénétrant dans de profondes forêts, franchissant ruisseaux et rivières, gravissant montagnes et volcans, Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland procédèrent lors de leur voyage en Amérique (1799-1804) au recensement de plusieurs  dizaines de milliers de végétaux à l'aide de dessins, d'abondantes notes de terrain, de prélèvements de plants, de spécimens à herboriser mais aussi de superbes impressions à l'encre effectuées sur le terrain. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A voir à l'exposition Les frères Humboldt, l'Europe de l'esprit, qui vous donnera, de surcroît,  l'occasion rare de pénétrer dans l'enceinte de l'Observatoire de Paris. Jusqu'au 11 juillet 2014.

Sur fond neutre

Arthur Devis. Mr and Mrs Robert Dashwood. ca 1750. Lieu inconnu.

Arthur Devis. Portrait de groupe. Lieu inconnu.

 

Arthur Devis, portraitiste anglais à succès, aimait à placer les personnages un peu raides de ses conversation pieces sur un fond neutre comme des papillons épinglés dans une boîte. Ses commanditaires ne se souciaient pas d'apparaître dans leur véritable intérieur pour peu que le décor soit  à la mode. Le peintre a ainsi utilisé à plusieurs reprises exactement le même environnement, comme les photographes de studio un siècle plus tard.

 

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St John's Churchyard, Wapping

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A Wapping, quartier de l'Est de Londres longeant la Tamise, on découvre, passé un mur de brique, une place enchanteresse, morceau intact du XIXe siècle tout droit sorti d'un roman de Dickens  : à  gauche,  un pub, The Turk's Head, recouvert de carreaux de faïence,  une église de briques puis  sa charity school  fondée au XVIIIe siècle, où se nichent deux bluecoats,  en face, un  entrepôt,  Oliver's Wharf,  à droite un charmant cimetière aux tombes moussues surplombé par un marronnier pluricentenaire.

Belle impression qui n'est qu'illusion :

Le pub a été déplacé de la rue principale à son emplacement actuel en 1927 et n'est plus un pub mais un community cafe ;

 De l'église, il n'est resté que la tour après la chute d'une bombe incendiaire allemande et son corps reconstruit sert de logements tout comme l'école attenante ;

 L'entrepôt a été le premier à Wapping à être reconverti en logements de luxe au début des années 1970. Son apparence ripolinée n'a bien évidemment rien à voir avec ce qu'il était lorsqu'à la fin du XIXe siècle, il abritait des cargaisons de thé dans ce quartier qui était l'un des plus pauvres de Londres, couvert de suie, empli du tumulte incessant des grues de déchargement,  des cris des dockers, des roulements de chariots, des pleurs d'enfants malades, des chansons des marins ivres.

Mais le silence comme le vide laisse place à l'imagination.

Vue d'oiseau

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

The Long View from Bankside , 1647,  par  Wenceslaus Hollar. British Museum. Détail.

 

L'énergie qu'insuffle Londres tient sans doute en grande partie aux grues dont elle est hérissée : ville ayant su renaître deux fois de ses cendres, ville en chantier, ville audacieuse poussant à la verticale, ville vivante échappant à la muséification.  La skyline se peuple de nouveaux gratte-ciel aux formes étonnantes et discordantes, à quelques mètres des plus anciens monuments historiques, au gré des choix des promoteurs privés. Chose impensable à Paris.

Ici, point de zone protégée qui imposerait des règles de construction drastiques dans un rayon déterminé autour d'un monument historique mais des couloirs de vue à préserver : la perspective sur la  cathédrale St Paul, la Tour de Londres et Westminster doit rester dégagée depuis certains parcs et espaces publics.  Ainsi faut-il que Saint Paul soit visible à travers deux rangées d'arbres depuis le point le plus haut de Richmond Park, à trois heures de marche, alors qu'un centre commercial conçu par Jean Nouvel a pu être construit à quelques dizaines de mètres de son chevet.

Une vision de la ville proche des vues cavalières des cartes anciennes,  regard porté par un œil céleste ou par les oiseaux.

 
Couloirs de vue protégés  définis par le London View Management Framework.

Couloirs de vue protégés  définis par le London View Management Framework.

La cathédrale Saint Paul, telle qu'elle doit apparaître selon le plan urbain, depuis le King Henry's Mound, point le plus haut du parc  de Richmond, situé à trois heures de marche.

La cathédrale Saint Paul, telle qu'elle doit apparaître selon le plan urbain, depuis le King Henry's Mound, point le plus haut du parc  de Richmond, situé à trois heures de marche.

Charterhouse Square

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Carte de 1873 avec le projet de voie de chemin de fer. London Metropolitan Archives.

Carte de 1873 avec le projet de voie de chemin de fer. London Metropolitan Archives.

 

Dans l'immensité de Londres, un motif urbain se répète : le square. Rectangle de verdure enclos de grilles auquel seuls les habitants des immeubles qui le bordent ont accès. Sa forme typique pourrait être celle que l'on rencontre dans le West End, avec ces rangées d'immeubles blancs à colonnades dont la monotonie n'ennuie jamais car les Anglais s'entendent à merveille pour se distinguer de leurs voisins, discrètement mais efficacement, que cela soit par une porte d'une couleur plus éclatante ou une jardinière plus exubérante.

A la limite de Clerkenwell et de la City, il en est un particulièrement remarquable : Charterhouse Square.  Outre sa beauté intrinsèque et son atmosphère apaisante, son charme repose sur l'intensité de la charge historique dont il irradie. A quelques mètres autour du parallélépipède vert magnetique, une chartreuse du XIVe siècle,  St Bartholomew The Great, l'une des plus anciennes églises de Londres, Cloth Fair, petit carré d'immeubles elizabethains ayant survécu au Grand incendie de 1666, les magnifiques halles victoriennes de Smithfield, qui est encore l'un des plus importants  marchés de viande d'Europe, Florin Court, fleuron de l'architecture art déco, qui n'aurait pas déparé la sélection de Thibaud Herem pour London Deco, et demeure de l'Hercule Poirot incarné par David Suchet, le Barbican Centre construit sur les ruines d'une zone dévastée par le Blitz.

Cette liste chronologique ne reflète évidemment par l'ordre dans lequel apparaissent ces différents bâtiments. Il faut imaginer des éclats discontinus, entrecoupés d'immeubles plus récents et de chantiers, le dernier en date étant celui, énorme, de Crossrail, le train souterrain qui reliera l'est à l'ouest de l'agglomération londonienne grâce à un tunnel de plus de quarante kilomètres dont le creusement est actuellement le plus grand projet d'ingénierie civile d'Europe. Dans l'excavation de Charterhouse, nœud du réseau non loin de la gare de Farringdon, les ouvriers ont découvert il y a un mois des squelettes d'hommes, de femmes et d'enfants victimes de la Grande Peste. Ceux-ci ont été momentanément entreposés dans la chartreuse médiévale de Charterhouse, comme si une boucle se bouclait à travers les strates de sept siècles de l'histoire d'une ville.

 

Crackers

 

Identité visuelle des crackers Thomas J. Fudge's par le studio Big Fish.

Identité visuelle des crackers Thomas J. Fudge's par le studio Big Fish.

 

Belle découverte au Waitrose du coin que ces crackers Thomas J. Fudge's au design parfait, nouvelle réussite du studio de graphisme londonien Big Fish.

 

Identité visuelle des crackers Thomas J. Fudge's par le studio Big Fish.

Identité visuelle des crackers Thomas J. Fudge's par le studio Big Fish.

République de Zubrowka

Billet de 10 Klübecks. Archives nationales de la République de Zubrowka.

La République de Zubrowka est fière de sa tradition gastronomique : les boîtes de la fameuse pâtisserie Mendl's renfermant leur spécialité, le courtisan au chocolat.

Édition du 13 octobre 1935 du Trans-Alpine Yodel . 

Le tourisme, principale source de revenus de la République.

Un passeport de la République, frappé de son emblème, l'aigle en chasse : un pays aux frontières toujours menacées.

 

 

Vous avez aimé The Grand Budapest Hotel et vous voulez en savoir plus sur la République de Zubrowka, rendez-vous sur le site de l'Akademie Zubrowka où se déploie en trois leçons fort instructives une étude de cas embrassant les aspects sociaux, politiques et culturels de ce petit pays d'Europe centrale avant la guerre.

 

 

 

 

 

Une interview du directeur artistique du film, Adam Stockhausen ici

Et de la graphiste principale, Annie Atkins, .

Revista Senhor

Couverture du numéro de Senhor de janvier 1961 par Glauco Rodrigues.

Couverture du numéro de Senhor de janvier 1961 par Glauco Rodrigues.

Double page légendée.

Double page légendée.

Couverture de la revue Senhor  de juillet 1962 par Bea Feitler et de juin 1960 par Glauco Rodrigos.

Papillon d'abonnement à la revue.

Papillon d'abonnement à la revue.

 

1959 : le Brésil est champion du monde de football depuis un an, la bossa nova bat son plein, un nouveau langage cinématographique émerge à travers le cinema novo, le néo-concrétisme pictural est en train de naître, Oscar Niemeyer et d'autres architectes modernistes transforment les villes de ce pays en pleine croissance, animé d'un optimisme effervescent.

Au cours d'une fête,  l'actrice Beyla Genauer présente son mari, le jeune journaliste Nahum Sirotsky, au  propriétaire de la maison d'édition  Delta-Larousse. Elle plaisante en disant qu'ils devraient créer ensemble un nouveau magazine. L'éditeur réplique alors que son neveu Simon Waissmann est précisément en train de faire des recherches en ce sens. Les deux hommes se donnent rendez-vous le lendemain dans le centre de Rio et tout va très vite.  Ils rivalisent d'imagination pour élaborer la maquette, aidés des peintres Carlos Scliar et Glauco Rodrigues.  Ils savent ce qu'ils veulent : s'inspirer des revues européennes et américaines, notamment du  Flair de Fleur Cowles, tout en  créant un tout absolument original, mêlant raffinement graphique, fictions et essais, études de fond et articles sur la mode et les loisirs sans oublier une page "garota" consacrée chaque mois à une nouvelle jeune fille. Une revue culturelle pour les hommes mais qui intéresse tout aussi bien les femmes.

Ce sera Senhor, dont le premier numéro est publié en mars 1959 : relativement chère,  tirée à 50 000 exemplaires, bien distribuée, la revue révolutionne le paysage éditorial brésilien et surprend les lecteurs par la qualité de son contenu et son inventivité avec des couvertures toutes plus belles les unes que les autres.  Les plus renommés des écrivains contemporains y contribuent, tels Clarice Lispector ou Jorge Amado, des journalistes talentueux collaborent aux rubriques "sciences", "politique intérieure", "relations internationales", "économie", "sports", "éducation" et de jeunes graphistes très innovants (comme Bea Feitler  qui deviendra directrice artistique du Harper's Bazaar américain) donnent le meilleur d'eux-mêmes.  Même les publicités sont spécialement conçues par l'équipe de la revue pour en préserver l'harmonie visuelle. Légèreté et érudition, sophistication graphique et variété des sujets seront ses lignes directrices.

Après cinq années d'existence, minée par des soubresauts au sein de la rédaction, elle cesse de paraître en janvier 1964. En mars de la même année,  les militaires s'emparent du pouvoir par un coup d’État et installent une dictature qui privera le Brésil de liberté d'expression pendant vingt ans.

La revue Senhor occupe une place d'honneur dans l'histoire du graphisme brésilien et c'est à ce titre qu'elle est justement célébrée dans la magnifique anthologie de Chico Homem de Melo et Elaine Ramos,   Linha do tempo do design gráfico no Brasil parue aux excellentes éditions Cosaic Naify.

Couverture de Senhor, septembre 1960, par Michel Burton.

Couverture de Senhor, septembre 1960, par Michel Burton.

Pages des numéros de janvier et juillet 1960

Couverture de Carlos Scliar pour le numéro de septembre 1959 de Senhor.

Un grand merci à MHF

De Rio

 
Le rose et le rouge, une association de couleurs que l'on retrouve souvent dans les petits bars de quartier.

Le rose et le rouge, une association de couleurs que l'on retrouve souvent dans les petits bars de quartier.

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Batucada dans Vila Isabel et figurines sculptées par Antonio de Oliveira, collections du Museu Casa do Pontal.

Batucada dans Vila Isabel et figurines sculptées par Antonio de Oliveira, collections du Museu Casa do Pontal.

Recreio das Bandeirantes, dans la zone ouest, partie encore peu construite de Rio, bientôt gagnée par l'extension de la ville.

Recreio das Bandeirantes, dans la zone ouest, partie encore peu construite de Rio, bientôt gagnée par l'extension de la ville.

Plage d'Urca, seul quartier de Rio qu'aucune favela ne jouxte

Plage d'Urca, seul quartier de Rio qu'aucune favela ne jouxte

Dans le quartier de Leblon , travaux d'extension du métro  vers Barra da Tijuca en vue des Jeux olympiques. Tout Rio est en chantier et les retards s'accumulent. Les transports en commun restent un problème majeur, du fait de leur cherté et de …

Dans le quartier de Leblon , travaux d'extension du métro  vers Barra da Tijuca en vue des Jeux olympiques. Tout Rio est en chantier et les retards s'accumulent. Les transports en commun restent un problème majeur, du fait de leur cherté et de leur mauvaise organisation.

Enfants pêchant dans un petit étang en bas de la favela du Morro das Macacos où stationne depuis 2010 l'une des 39 unités de police de pacification de Rio . Azulejos de Candido Portinari pour le ministère de la santé et de l'éducation , chef d’œuvre…

Enfants pêchant dans un petit étang en bas de la favela du Morro das Macacos où stationne depuis 2010 l'une des 39 unités de police de pacification de Rio . Azulejos de Candido Portinari pour le ministère de la santé et de l'éducation , chef d’œuvre moderniste que l'on l'aperçoit dans cette scène de L'Homme de Rio.

Panthéon de garagiste  : d'Ayrton Senna à Jésus en passant par Carla Perez.

Panthéon de garagiste  : d'Ayrton Senna à Jésus en passant par Carla Perez.

Dans la forêt de Tijuca, offrandes aux dieux du candomblé,  une religion menacée par l'emprise croissante des évangéliques qui n'hésitent pas à détruire ces marques de dévotion.

Dans la forêt de Tijuca, offrandes aux dieux du candomblé,  une religion menacée par l'emprise croissante des évangéliques qui n'hésitent pas à détruire ces marques de dévotion.

Du haut du Pain de sucre : la sensation de se dissoudre dans l'azur

Du haut du Pain de sucre : la sensation de se dissoudre dans l'azur